Slide Linguiste Site web officiel Philippe BARBAUD Domaines de recherche Chroniques de langage Expertise juridique Autres écrits Composition lexicale et nominalisation : où est la morphologie ? Composition lexicale et nominalisation : où est la morphologie ? Cet article se situe à mi-chemin d’un programme de recherche qui s’est étalé sur trente ans pour s’achever en 2009 avec la publication d’une somme intitulée Syntaxe référentielle de la composition lexicale. Un profil de l’Homme grammatical (L’Harmattan). L’importance empirique et la spécificité de ce processus particulier de formation des mots dans les langues romanes justifient amplement de remettre en question certaines prémisses de la conception générativiste du langage, telles l’atomicité syntaxique des entrées lexicales, l’endocentricité des structures syntaxiques et le caractère « strictement dérivationnel » (Chomsky 2005) d’une grammaire universelle présumément innée. Naturelles au cours des années 50 imprégnées de cybernétique, ces clefs de voûte du modèle chomskyen ne résistent pas à l’ouverture cognitiviste qui s’est imposée au cours des années subséquentes. Dans cette nouvelle perspective, notre prise en compte exhaustive des faits de composition obéit à logique rigoureuse qu’impose la non- dissociation théorique du lexique et de la mémoire humaine en regard de l’apprentissage. En démontrant avec raisonnablement de force le caractère syntaxiquement construit d’une bonne partie du lexique de notre faculté de langage, nous faisons valoir qu’un modèle de grammaire ayant pour fondement la stricte séparation théorique de la syntaxe (computation universelle) et du lexique (mémoire) échoue à rendre compte de manière cohérente des faits de langue systémique propre au processus de la composition lexicale, principalement en français. C’est pourquoi nous avons élaboré en fin de parcours un modèle de grammaire cognitive basé sur la connexion plutôt que sur la dérivation des entités formelles (catégories) de la computation syntaxique, et non pas morphologique. Nous estimons en fin de compte que la faculté de langage relève bien davantage de la mémoire humaine que d’une combinatoire abstraite présumément universelle.